• 12

          Condensations d’œuvres réduites à leur toute première et à leur ultime phrase, avec entre les deux, à la place qui lui revient, une tierse tirée du plus près du milieu du texte original.

    _________

       

    • P. BOUCHARDON  _  La Malle mystérieuse
    • C. CHARRIERE  _  Papillon
    • G. COURTELINE  _  Messieurs les Ronds-de-Cuir
    • E. HEMINGWAY  _  Mort dans l'Après-Midi
    • M. LEVY  _  Et si c'était vrai...
    •                     _  Vous revoir
    • J. LONDON  _  Croc Blanc
    • P. LOUYS  _  Les Aventures du Roi Pausole
    • O. MIRBEAU  _  Dingo
    •                              _  L'Abbé Jules
    •                              _  Le Calvaire
    •                              _  Sébastien Roch 
    • P. MODIANO  _  Pour que tu ne te perdes pas dans le Quartier
    •                              _  La petite Bijou
    • J. ROMAINS  _  Le Dieu des Corps

     

     

     

     Pierre BOUCHARDON  _  La Malle mystérieuse

     

       C’était pendant l’Exposition de 1889.

       Et ce fut, encadrée de gardes du corps, que Gabrielle Bompard traversa le boulevard du Palais.

       C’était Gabrielle Bompard qui venait expier.

     

     

     

     

     

    Henri CHARRIERE  _  Papillon

     

       La gifle a été si forte que je ne m’en suis relevé qu’au bout de trente ans.

       Lentement, très lentement, les heures, les jours, les semaines, les mois, passent.

       Je les raconterai peut-être un jour, et aussi bien des histoires peu banales que je n’ai pas eu la place de mettre ici.

     

     

     

     

     

    Georges COURTELINE  _  Messieurs les Ronds-de-Cuir

     

       A l’angle du boulevard Saint-Germain et de la rue de Solférino, un régiment de cuirassiers qui regagnait au pas l’Ecole Militaire força Lahrier à s’arrêter.

       - « C’est toujours avec un nouveau plaisir, comme disait le roi Louis-Philippe, que je vois groupée autour de moi cette sélection d’intelligences… »

       Trois jours après, M. Plumeau fut balayé.

     

     

     

     

     

     Ernest HEMINGWAY  _  Mort dans l'Après-Midi

     

       La première fois que je suis allé à une course de taureaux, je m’attendais à être horrifié et peut-être à me trouver mal, à cause de ce qu'on m'avait raconté sur le sort des chevaux.

       Mais à la guerre ces animaux succombent d'une façon très analogue à celle des chevaux les plus ordinaires et les moins endurcis.

        Il y avait plusieurs choses d'ordre pratique à dire.

     

      

     

     

     

      MARC LEVY  _  Et si c’était vrai…

     

       Le petit réveil posé sur la table de nuit en bois clair venait de sonner.

       Il imprima son fichier, et décrocha son téléphone pour appeler Paul.

       - Ce que je vais vous dire n’est pas facile à entendre, impossible à admettre, mais si vous voulez bien écouter notre histoire, si vous voulez bien me faire confiance, alors peut-être que vous finirez par me croire et c’est très important car vous êtes, sans le savoir, la seule personne au monde avec qui je puisse partager ce secret.

     

     

     

     

     

    Marc LEVY  _  Vous revoir

     

       Arthur régla sa note au comptoir de l’hôtel.

       Le liquide anesthésiant descendit le long du tube de perfusion et entra dans les veines d’Arthur.

       Pendant quelque temps…

     

     

     

     

     

    Jack LONDON _  Croc Blanc

     

       De chaque côté du fleuve glacé, l’immense forêt de sapins s’allongeait, sombre et comme menaçante.

       Il y eut, ce soir-là, une grande rumeur dans le camp.

      Et, tandis que les chiots continuaient leurs bouffons ébats et leurs luttes joyeuses, placidement, les yeux mi-clos, il s’endormit au soleil.

     

     

     

     

     

    Pierre LOUYS  _  Les Aventures du Roi Pausole

     

       Le Roi Pausole rendait la justice sous un cerisier, parce que, disait-il, cet arbre-là donne de l’ombre autant qu’un autre et garde sur le chêne séculaire l’avantage de porter des fruits fort agréables en été.

      Il pénétra vivement dans le cabinet de toilette, en sortit avec les vêtements de la laitière, et, sans plus de façons, passa la longue jupe autour de Line ahurie.

       On aura lu cette histoire ainsi qu’il convenait de la lire, si l’on a su, de page en page, ne jamais prendre exactement la Fantaisie pour le Rêve, ni Tryphême pour Utopie, ni le Roi Pausole pour l’Etre parfait.

     

     

     

     

     

     Octave MIRBEAU  _  Dingo

     

       Il y a quelques années, - exactement neuf années, un mois et cinq jours, - la veille de Pâques, au matin, Vincent Péqueux, dit La Queue, qui fait le service des messageries entre la gare de Cortoise et le village de Ponteille-en-Barcis, où j’habitais alors, me livra, venant de Londres, une boîte.

       - C’est tout de même drôle !... Enfin… je dois neuf francs…

      Il rechargea les outils sur son épaule, s’en alla de son pas silencieux, et il disparut bientôt derrière la maison.

     

     

     

     

     

    Octave MIRBEAU  _  L’Abbé Jules

     

       Hormis les jours où mon père avait pratiqué une opération difficile, un accouchement important, et qu’il en expliquait, à table, par des termes techniques, souvent latins, les plus émouvantes phases, mes parents ne se parlaient presque jamais.

        - Mais, c’est le Père Pamphile ! s’écria-t-il.

       Et il me sembla que j’entendais un ricanement lui répondre, un ricanement lointain, étouffé, là-bas, de dessous la terre.

     

     

     

     

     

    Octave MIRBEAU  _  Le Calvaire

     

       Je suis né, un soir d’octobre, à Saint-Michel-les-Hêtres, petit bourg du département de l’Orne, et je fus aussitôt baptisé aux noms de Jean-François-Marie Mintié.

       Alors tout mon être s’abîme dans un vertige et, tandis qu’à mes oreilles résonnent des glas lointains, autour du lit je vois les lumières de mille cierges funéraires vaciller sous le vent des de profundis.

       Et tous ces lambeaux de corps humains, décharnés par la mort, se ruaient l’un sur l’autre, toujours emportés par la fièvre homicide, toujours fouettés par le plaisir, et ils se disputaient d’immondes charognes…

     

     

     

     

     

    Octave MIRBEAU  _  Sébastien Roch

     

       L’école Saint-François-Xavier, que dirigeaient, que dirigent encore les Pères Jésuites, en la pittoresque ville de Vannes, se trouvait, vers 1862, dans tout l’éclat de sa renommée.

       Il longea la rangée des cellules, sortit du dortoir, descendit des escaliers, s’engagea dans des couloirs faiblement éclairés d’une clarté de lampe agonisante, traversa des couloirs sombres où la lune dessinait, en blancheurs tristes, sur les dalles, les rectangles des fenêtres et l’ombre des meneaux.

       Puis, ayant respiré, il chargea sur ses épaules le corps de son ami et, lentement, lentement, péniblement, péniblement, tous les deux, le vivant et le mort, sous les balles et les obus, ils s’enfoncèrent dans la fumée.

     

     

     

     

     

    Patrick MODIANO  _  Pour que tu ne te perdes pas dans le Quartier

     

       Presque rien.

       Plus tard, il se dit qu’il avait eu un pressentiment puisqu’il hésitait à ouvrir la lettre.

       Au début, ce n’est presque rien, le crissement des pneus sur le gravier, un bruit de moteur qui s’éloigne, et il vous faut un peu de temps encore pour vous rendre compte qu’il ne reste plus que vous dans la maison.

     

     

     

     

     

    Patrick MODIANO  _  La petite Bijou

     

       Une douzaine d’années avait passé depuis que l’on ne m’appelait plus « la petite Bijou » et je me trouvais à la station de métro Châtelet à l’heure de pointe.

        Et je descendais à Gare de Lyon, comme je l’avais fait tout à l’heure.

       J’ai entendu longtemps encore le bruissement des cascades, un signe que pour moi aussi, à partir de ce jour-là, c’était le début de la vie.

     

     

     

     

     

    Jules ROMAINS  _  Le Dieu des Corps

     

       Je m’appelle Pierre Febvre.

       - Pierre, il faut que tu comprennes.

       - Quand le navire…

     

    « Verne

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :