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          Condensations d’œuvres réduites à leur toute première et à leur ultime phrase, avec entre les deux, à la place qui lui revient, une tierse tirée du plus près du milieu du texte original.

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    • G.W. LEIBNIZ  _  Discours de Métaphysique
    • A. MALRAUX  _  Les Conquérants
    • C. NODIER  _  Histoire du Chien de Brisquet
    • A. PIEYRE DE MANDIARGUES  _  Soleil des Loups
    • LE ROMAN DE RENART
    • P. SUSKIND  _  Le Parfum
    • H. TROYAT  _  Un si long Chemin
    • K. VONNEGUT Jr  _  Abattoir 5
    • A. W. WATTS  _  Joyeuse Cosmologie
    • A. d’YBIADE  _  Crêmes d’Eaux bénites
    • M. ZEVACO  _  Triboulet

     

     

     G.W. LEIBNIZ  _  Discours de Métaphysique

     

       La notion de Dieu la plus receue et la plus significative que nous ayons, est assez bien exprimée en ces termes que Dieu est un estre absolument parfait, mais on n’en considere pas assez les suites ; et pour y entrer plus avant, il est à propos de remarquer qu’il y a dans la nature plusieurs perfections toutes differentes, que Dieu les possede toutes ensemble, et que chacune luy appartient au plus souverain degré.

       Je veux bien avouer, que nous sommes sujets à nous abuser, quand nous voulons determiner les fins ou conseils de Dieu, mais ce n’est que lorsque nous les voulons borner à quelque dessein particulier, croyans qu’il n’a eu en veue qu’une seule chose, au lieu qu’il a en même temps égard à tout ; comme lorsque nous croyons que Dieu n’a fait le monde que pour nous, c’est un grand abus, quoyqu’il soit tres veritable qu’il l’a fait tout entier pour nous, et qu’il n’y a rien dans l’univers qui ne nous touche et qui ne s’accomode aussi aux égards qu’il a pour nous, suivant les principes posés cydessus.

       Les anciens Philosophes ont fort connu ces importantes verités ; Jesus Christ seul les a divinement bien exprimées, et d’une manière si claire et si familiere, que les esprits les plus grossiers les ont conçues ; aussi son Evangile a changé entierement la face des choses humaines : il nous a donné à connoistre le royaume des cieux ou cette parfaite republique des esprits qui merite le titre de Cité de Dieu, dont il nous a découvert les admirables loix : luy seul a fait voir combien Dieu nous aime, et avec quelle exactitude il a pourvu à tout ce qui nous touche ; qu’ayant soin des passereaux, il ne negligera pas les creatures raisonnables qui luy sont infiniment plus cheres ; que tous les cheveux de nostre teste sont comptés ; que le ciel et la terre periront plustost que la parole de Dieu et ce qui appartient à l’oeconomie de nostre salut soit changé ; que Dieu a plus d’egards à la moindre des ames intelligentes, qu’à toute la machine du monde ; que nous ne devons point craindre ceux qui peuvent détruire les corps, mais ne sçauroient nuire aux ames, puisque Dieu seul les peut rendre heureuses ou malheureuses ; et que celles des justes sont dans sa main à couvert de toutes les revolutions de l’univers rien ne pouvant agir sur elles que Dieu seul ; qu’aucune de nos actions est oubliée ; que tout est mis en ligne de compte, jusqu’aux paroles oisives, et jusqu’à une cuillerée d’eau bien employée ; enfin que tout doit reussir pour le plus grand bien des bons ; que les justes seront comme des soleils, et que ny nos sens ny nostre esprit n’a jamais rien gousté d’approchant de la felicité que Dieu prepare à ceux qui l’aiment.

     

     

     

     

    André MALRAUX  _  Les Conquérants

     

       « La grève générale est décrétée à Canton. » 

       On n’entend plus de coups de feu, mais, pendant que je regarde, j’entends la vois d’un homme qui dit à Garine, derrière moi : 

       « Trois patrouilles sont prisonnières. »

       Je cherche dans ses yeux la joie que j’ai cru voir ; mais il n’y a rien de semblable, rien qu’une dure et pourtant fraternel gravité.

     

     

     

     

     Charles NODIER  _  Histoire du Chien de Brisquet

     

       En notre forêt de Lions, vers le hameau de la Goupillière, tout près d’un grand puits-fontaine qui appartient à la chapelle Saint-Mathurin, il y avait un bonhomme, bûcheron de son état, qui s’appelait Brisquet, ou autrement le fendeur à la bonne hache, et qui vivait pauvrement du produit de ses fagots, avec sa femme qui s’appelait Brisquette.

       Un soir il n’arriva pas à l’heure ordinaire.

       Et c’est depuis ce temps-là qu’on dit en commun proverbe : Malheureux comme le chien à Brisquet, qui n’allit qu’une fois au bois, et que le loup mangit.

     

     

     

     

    André PIEYRE DE MANDIARGUES  _  Soleil des Loups

     

       Le sol est tel, de part et d’autre de la route qui d’Amalfi va vers Sorrente et vers Naples, que le regard, où qu’il se lève, n’y peut trouver repli qui ne fasse penser à de la peau.

       Je me trouvais étendu sur la chaussée, la tête trempant dans le ruisseau, à quelques pas de Pennyfiels.

       Je saluai le petit homme vert, qui me parut tristement déchu de son excitation, et puis je m’éloignai, sans avoir pu accrocher le regard de sa nièce, de nouveau perdu entre les joncs et la vase.

     

     

     

     

    LE ROMAN DE RENART

     

       Seigneurs, vous avez assurément entendu conter bien des histoires : on vous a dit de Paris comment il ravit Hélène, et de Tristan comme il fit le lai du Chevrefeuil ; vous savez le dit du Lin et de la Brebis, nombre de fables et chansons de geste : mais vous ne connaissez pas la grande guerre, qui ne finira jamais, de Renart et de son compère Ysengrin.

       Mais Renart ne marchait jamais sans prévoir quelque danger ; il ne perdit pas le sens, et quand Ysengrin se croyait sur de le prendre, il était déjà loin, la queue basse et le cou tendu.

          Si pourtant quelqu’un venait à découvrir sa retraite, nous le prions très instamment de nous en avertir, pour nous donner les moyens d’ajouter de nouvelles aventures à celles que nous venons de raconter.

     

     

     

     

    Patrick SUSKIND  _  Le Parfum

     

       Au XVIIIe siècle vécut en France un homme qui compta parmi les personnages les plus géniaux et les plus abominables de cette époque qui pourtant ne manqua pas de génies abominables.

       Entre temps, le soir était tombé, et les parfums déferlaient au loin en se mêlant au bleu de la nuit pour donner des notes toujours plus fantastiques.

          Pour la première fois, ils avaient fait quelque chose par amour.

     

     

     

     

    Henri TROYAT  _  Un si long Chemin

     

       Henri Troyat, pourquoi ce titre, Un si long chemin, que vous avez voulu donner à nos conversations ?

       Arrivant d’une France exsangue, je fus stupéfié, à New York, où je débarquai d’abord. par les mille signes d’abondance qui me sautaient aux yeux.

       Mon prochain livre sera d’un débutant.

     

     

     

     

    Kurt VONNEGUT Jr  _  Abattoir 5

     

       C’est une histoire vraie, plus ou moins.

       Des tas de gens sont blessés ou tués.

         L’un d’eux a dit à Billy Pèlerin : 

       - Cui-cui-cui ?

     

     

     

     

    Alan W. WATTS  _  Joyeuse Cosmologie

     

       Avec Les Portes de la Perception, Aldous Huxley nous a donné un très remarquable compte-rendu des effets de la mescaline sur une personne douée  d’une vive sensibilité.   

       C’est que désormais s’est dévoilé à nos yeux ce complot du secret si bien gardé, cette grande illusion qui font que nous  semblons, en apparence, différents. 

       Et si cela doit nous conduire à un univers dans lequel on ne pensera plus, on ne sentira plus l’homme comme un sujet isolé, confronté à des objets étrangers et menaçants, alors nous posséderons une cosmologie qui ne sera plus seulement unifiée, mais aussi joyeuse.

     

     

     

     

    Ariel d’YBIADE  _  Crêmes d’Eaux bénites

     

        L’espoir nous entoure.   

       Tous les curés ont des déserts en géant de musée pour tuer leur médicament, et au moins quelques glaces en fourchettes de lit pour découper la charpente.

       Dans tous les tisons on trouve un foulard et une cuisse de colibri.

     

     

     

     

    Michel ZEVACO  _  Triboulet

     

       - Ici, Triboulet !

        - Etait-ce vous qui appeliez ? 

       À ce moment, il était un peu plus de dix heures.

     

    « Zola7 »

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