• Zola

    Condensations d’œuvres réduites à leur toute première et à leur ultime phrase, avec entre les deux, à la place qui lui revient, une tierse tirée du plus près du milieu du texte original.

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    • E. ZOLA    _  La Bête humaine
    •                      _  La Conquête de Plassans
    •                      _  La Débâcle
    •                      _  Le Docteur Pascal
    •                      _  La Faute de l'Abbé Mouret
    •                      _  La Joie de vivre
    •                      _  Les Mystères de Marseille
    •                      _  L’Œuvre
    •                       _  Pot-Bouille
    •                       _  Le Rêve
    •                       _  Son Excellence Eugène Rougon
    •                       _  La Terre
    •                       _  Thérèse Raquin
    •                       _  Une Page d’Amour                 

     

     

    Emile ZOLA _ La Bête humaine


       En entrant dans la chambre, Roubaud posa sur la table le pain d’une livre, le pâté et la bouteille de vin blanc.

       Mais Roubaud éleva sa lanterne, donnant le signal.

       Sans conducteur, au milieu des ténèbres, en bête aveugle et sourde qu’on aurait lâchée parmi la mort, elle roulait, elle roulait, chargée de cette chair à canon, de ces soldats, déjà hébétés de fatigue, et ivres, qui chantaient.

     

     

     


    Emile ZOLA _ La Conquête de Plassans


       Désirée battit des mains.

       « Oh ! docteur, j’ai une migraine, mais une migraine ! dit-elle avec des mines charmantes. »

       Puis, elle joignit les mains avec une épouvante indicible, elle expira, en apercevant, dans la clarté rouge, la soutane de Serge.

     

     

     


    Emile ZOLA _ La Débâcle


       À deux kilomètres de Mulhouse, vers le Rhin, au milieu de la plaine fertile, le camp était dressé.

       Une quarantaine d’hommes au plus restaient, commandés par le lieutenant Rochas ; et le drapeau était avec eux, le sous-lieutenant qui le portait venait d’en rabattre la soie autour de la hampe, pour tâcher de le sauver.

       Le champ ravagé était en friche, la maison brûlée était par terre ; et Jean, le plus humble et le plus douloureux, s’en alla, marchant à l’avenir, à la grande et rude besogne de toute une France à refaire.

     

     

     


    Emile ZOLA _ Le Docteur Pascal


       Dans la chaleur de l’ardente après-midi de juillet, la salle, aux volets soigneusement clos, était pleine d’un grand calme.

       Elle était comme une idole, le dos contre l’oreiller, assise sur son séant, chargée d’or, avec un bandeau d’or dans ses cheveux, de l’or à ses bras nus, de l’or à sa gorge nue, toute nue et divine, ruisselante d’or et de pierreries.

       Et, dans le tiède silence, dans la paix solitaire de la salle de travail, Clotilde souriait à l’enfant, qui tétait toujours, son petit bras en l’air, tout droit, dressé comme un drapeau d’appel à la vie.

     

     

     


    Emile ZOLA _ La Faute de l'Abbé Mouret


       La Teuse, en entrant, posa son balai et son plumeau contre l’autel.

       Et, s’asseyant à côté de Serge, elle lui parla des jours heureux où les oranges mûrissaient.

       – Serge ! Serge ! cria-t-elle plus fort, en tapant des mains, la vache a fait un veau !

     

     

     


    Emile ZOLA _ La Joie de vivre


       Comme six heures sonnaient au coucou de la salle à manger, Chanteau perdit tout espoir.

       – Il n’y a plus d’espoir, n’est-ce pas ? demanda-t-il.

       Et ce misérable sans pieds ni mains, qu’il fallait coucher et faire manger comme un enfant, ce lamentable reste d’homme dont le peu de vie n’était plus qu’un hurlement de douleur, cria dans une indignation furieuse :
    – Faut-il être bête pour se tuer !

     

     

     


    Emile ZOLA _ Les Mystères de Marseille


       Vers la fin du mois de mai 184., un homme, d’une trentaine d’années, marchait rapidement dans un sentier du quartier Saint-Joseph, près des Aygalades.

       Puis, il tourna sur ses talons, siffla entre ses dents et murmura :
    – Allons ! j’ai perdu ma nuit.

       Et il ajoute, à voix plus basse, cette phrase qu’il aime à répéter :
    – Ce sont les prêtres qui me l’ont prise.

     

     

     


    Emile ZOLA _ L’Œuvre


       Claude passait devant l’Hôtel-de-Ville, et deux heures du matin sonnaient à l’horloge, quand l’orage éclata.

       Dès six heures, Claude se rendit chez Sandoz, rue Nollet, au fond des Batignolles ; et il eut toutes les peines du monde à découvrir le petit pavillon que son ami occupait.

       Puis, il ajouta :
    « Allons travailler. »

     

     

     


    Emile ZOLA _ Pot-Bouille


       Rue Neuve-Saint-Augustin, un embarras de voitures arrêta le fiacre chargé de trois malles, qui amenait Octave de la gare de Lyon.

       Pourtant, l’oncle prit une décision virile, et il conta tout au pauvre homme, les farces de Clarisse, ses continuelles culbutes, les amants qu’elle ramassait derrière lui, à chacune de leurs soirées.

       C’est cochon et compagnie.

     

     

     


    Emile ZOLA _ Le Rêve


       Pendant le rude hiver de 1860, l’Oise gela, de grandes neiges couvrirent les plaines de la basse Picardie ; et il en vint surtout une bourrasque du nord-est, qui ensevelit presque Beaumont, le jour de la Noël.

       Alors, la tête retombée sur l’oreiller, Angélique ne pensa plus, voulut s’endormir ; mais elle ne le pouvait, ses larmes continuaient à couler de ses paupières closes.

       Et, au sommet du bonheur, Angélique avait disparu, dans le petit souffle d’un baiser.

     

     

     


    Emile ZOLA _ Son Excellence Eugène Rougon


       Le président était encore debout, au milieu du léger tumulte que son entrée venait de produire.

       Elle couvait toujours Rougon des yeux, elle le voulait grand, comme si elle eût rêvé de l’engraisser de puissance, pour quelque régal futur.

       Lorsqu’il parut, rajeuni, comme allégé, ayant démenti en une heure toute sa vie politique, prêt à satisfaire, sous la fiction du parlementarisme, son furieux appétit d’autorité, elle céda à un entraînement, elle alla vers lui, la main tendue, les yeux attendris et humides d’une caresse, en disant :
    « Vous êtes tout de même d’une jolie force, vous. »

     

     

     


    Emile ZOLA _ La Terre


       Jean, ce matin-là, un semoir de toile bleue noué sur le ventre, en tenait la poche ouverte de la main gauche, et de la droite, tous les trois pas, il y prenait une poignée de blé, que d’un geste, à la volée, il jetait.

     Ça pouvait durer longtemps, lorsque des exclamations vinrent de l’étable.

       Des morts, des semences, et le pain poussait de la terre.

     

     

     


    Emile ZOLA _ Thérèse Raquin


       Au bout de la rue Guénégaud, lorsqu’on vient des quais, on trouve le passage du Pont-Neuf, une sorte de corridor étroit et sombre qui va de la rue Mazarine à la rue de Seine.

       Ils étaient penchés, en quelque sorte, l’un sur l’autre, comme sur un abîme dont l’horreur les attirait ; ils se courbaient mutuellement, au-dessus de leur être, cramponnés, muets, tandis que des vertiges, d’une volupté cuisante, alanguissaient leurs membres, leur donnaient la folie de la chute.

       Et, pendant près de douze heures, jusqu’au lendemain vers midi, Mme Raquin, froide et muette, les contempla à ses pieds, ne pouvant se rassasier les yeux, les écrasant de regards lourds.

     

     

     


    Emile ZOLA _ Une Page d’Amour


       La veilleuse, dans un cornet bleuâtre, brûlait sur la cheminée, derrière un livre, dont l’ombre noyait toute une moitié de la chambre.

       Le visage de Jeanne s’assombrissait.

       Jeanne, morte, restait seule en face de Paris, à jamais.

     

     

    « HugoVerne »

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